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SOMMAIRE :
carebleu.gif (55 octets) Editorial
carebleu.gif (55 octets) Faucon
carebleu.gif (55 octets) La Maison de Paris - Crimée
carebleu.gif (55 octets) Le Chapitre général
carebleu.gif (55 octets) Le Père François Stroobants
carebleu.gif (55 octets) Hommage au Père François
carebleu.gif (55 octets) La Bergerie de Cerfroid
carebleu.gif (55 octets) Fête de la Trinité
carebleu.gif (55 octets) Un lieu de vie et de partage
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Trinitaires

Robert Gaguin : Trinitaire et Humaniste
(1433-1501)

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II y a cinq siècles, exactement le 22 mai 1501, le français d'origine flamande, Robert Gaguin s'éteignait.

En plus de sa charge de Ministre Général des Trinitaires, il avait été à la tête du second cénacle humaniste parisien, professeur et doyen de droit canonique à la Sorbonne, poète-polémiste, défenseur de l'Immaculée Conception de Marie et un des premiers grands historiens de France.

Passionné par la langue latine et après ses études de philosophie et de théologie, il se met à l'école du " Pétrarque français ", Claude Fichet. C'est à ce dernier, appelé par le pape Sixte IV, qu'il succède. L'amour de la littérature latine, qui le poussait à la recherche et à la correction des manuscrits classiques, ne l'a pas empêché d'acquitter sa mission première exigée par son Ordre. Deux fois, il se rendit en Espagne d'où une fois il revint avec 22 esclaves chrétiens arrachés des bagnes de Grenade.

Elu à l'unanimité Ministre Général au printemps de 1473, il se montra digne dans le choix ou dans la confirmation des ministres provinciaux ou conventuels. Il rétablit la vie régulière en restaurant les constitutions de 1429 et publia en 1477, de nouvelles constitutions pour les trinitaires espagnols, répondant ainsi aux sollicitations de réforme de la reine lsabelle la Catholique. Il donne des leçons de rhétorique classique, fréquentées par Reuchlin (un des maîtres de l'humanisme allemand et inspirateur de Martin Luther) et le jeune Erasme de Rotterdam qui lui présente son manuscrit "Antibarbarorum liber".

Le maître voit en ce jeune un allié pour son humanisme chrétien. Il enseigne aussi le droit canonique, et en 1483, il est élu, à l'unanimité Doyen de l'Université, charge qu'il occupera jusqu'au 15 novembre 1500. Il est chargé de plusieurs missions diplomatiques par Louis XI et Charles VIII, auprès de l' Empereur Maximilien d'Autriche et à la Cour d'Angleterre. Mais ses démarches ne porteront pas les résultats escomptés par les rois de France. Robert Gaguin restera pourtant très attaché à Charles VIII envers qui il a une très grande affection et amitié.Il lui dédiera plusieurs de ses ouvrages et tout particulièrement la traduction de La guerre des Gaules de César. Certains historiens voudraient voir en lui, le premier conservateur de la Bibliothèque royale qui sera la future Bibliothèque Nationale.

Historien, il est aussi un excellent analyste de son temps et dans sa Grande Chronique de France il donne des informations de premier ordre sur le règne de Louis XI, qu'il n'appréciait guère. Il défendit de sa plume l'immaculée conception de Marie et pour cela il sera même représenté sur une fresque au Vatican défendant le dogme qui sera proclamé par Pie IX en 1854.

Son œuvre théologique sera approuvée par ses pairs de la Sorbonne et l'Université imposa même le serment " immaculist " pour tout candidat désirant s'inscrire à l'Université. Une autre de ses grandes œuvres sera donc d'écrire en bon latin une Histoire de la France parce que " les mérites des rois et du peuple de la France, soit militaires, soit civils au bénéfice de la chrétienté, sont tels, que tout ce qui a été fait d'important depuis les apôtres du Christ, peut être attribué aux rois de France ". Un tel patriotisme était justifié par la vision de la France comme " l'ainée de l'Eglise ".

Et le 30 septembre 1495, Gaguin donne aux presses le Compendium de origine et gestis Francorum accompagné, à la fin du volume, d'une lettre de présentation enthousiaste d'Erasme: " Tu te montres un écrivain exceptionnel et merveilleux, et tu dépasses de nombreux travaux historiographiques...limpidité d'expression, élégance sallustienne... Sur toute l'étendue de la terre, les villes et les écoles, cette œuvre de Gaguin sera lue, célébrée, chantée, et sa réputation ne cessera jamais, mais grandira avec le temps ". Et Erasme ne fut pas un faux prophète. La traduction française connaîtra pour le seul XVIeme siècle, une quinzaine d'éditions en France et à l'étranger.

Jean XXIII lui-même la citera au cours d'un consistoire. C'est après avoir corrigé la publication de ses œuvres complètes et tout particulièrement de sa correspondance, ses épitaphes, ses poèmes...etc. que Robert Gaguin rendit son âme à Dieu le 22 mai 1501,à la maison saint Mathurin de Paris. " Pour lui, il laissait avec le témoignage de sa vie le meilleur exemple de cette dignité morale, qui constituait pour lui le but de la culture intellectuelle ", " Avec lui, rappelle Renaudet, le second fondateur de l'humanisme parisien disparaissait, le savant qui continuait la tradition de Fichet depuis 1473 et, le professeur, l'orateur et l'historien, bienveillant envers les jeunes, avait vivement favorisé le progrès de la nouvelle culture plus par l'éclectisme de son intelligence et la largeur de sa sympathie, qu'avec sa doctrine ".

P Thierry KNECHT
o.ss.t.

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